L'industrie des batteries présente des analogies avec celle des écrans plats: des technos de pointe nécessitant des investissements de R&D colossaux et ensuite des process totalement automatisés, seuls garants de coûts réduits et de qualité maîtrisée. Rajoutez là-dessus le risque permanent de la percée d'une techno émergente plus performante ou moins coûteuse qui va rendre obsolètes tous les effort précédents et voilà pourquoi ils n'y vont pas, même si les appros de ces sous ensembles sont vitaux. Ils misent sur le fait que les asiatiques se tireront la bourre et qu'il y aura toujours un bon faiseur moins cher que les autres.
Clairement les européens (et les américains) n'ont jamais eu le niveau de culture industrielle et le goût du travail de fourmi des asiatiques. Ils ont inventé et commencé à industrialiser toutes les percées technologiques mais au final ils ont abandonné la production de masse. Ils se sont fait laminer d'abord sur les tubes images par Sony, puis sur les capteurs photo et les écrans plats par les japonais et les coréens, puis sur les panneaux photo voltaïques par les chinois. Je crois qu'ils ne veulent pas renouveler ces échecs (plutôt renoncements) avec les batteries.
Le credo des européens (et plus encore des américains) est de monter dans l'échelle de la valeur: plutôt que de s'accrocher à des technos de base complexes, risquées et nécessitant une main d'oeuvre bon marché, ils préfèrent se réserver les "systèmes", càd intégrer et faire fonctionner ensemble des sous-systèmes avec une expertise générale et une vision d'ensemble. D'où des compétences uniques en architecture matérielle, logicielle et marketing. C'est ce que font les avionneurs (tout le monde sait faire un avion, mais pas le certifier), Apple, Google (qui ont inventé la vente des profils de leurs clients) etc, et dans une moindre mesure VW, PSA et d'autres. Ce qui leur permet de précéder (ou de créer) les besoins du marché. Alors c'est sûr que ça génère pas beaucoup d'emplois mais pas mal de profits !
Où c'est très risqué, c'est dans l'automobile qui n'est quand même pas un secteur très high tech. Autant l'expertise européenne (et japonaise) dans les moteurs thermiques est incontestable, autant dans les voitures électriques leur valeur ajoutée va être réduite à néant ou presque face aux chinois.