Comme l'a expliqué Harry, le Gas-Oil est obtenu après l'Essence. L'Essence n'est pas un résidu du raffinage du diesel.
Le pétrole est chauffé pour séparer les différentes "coupes". En fonction de la température d'ébullition, on obtient des produits différents. Les trois principales "coupes" pétrolières sont les légers ( les composés gazeux et les essences dont la température d'ébullition se situe entre 40 et 210°C), les moyens (kérosène, diesel et fuel domestique, dont la température d'ébullition se situe entre 170 et 360°C) et les lourds (fuel lourd ou résidus).
Les coupes des "légers" sont produites en moins grande quantité que les coupes des "moyens" et des "lourds".
Dans le processus de distillation du pétrole ont obtient 23% de coupe de "légers" (1% de gaz puis 22% d'essences), puis 36% de coupe de "moyens" (9% de kérosène et 27% de gas-oil), puis 41% de coupe de "lourds" (Fuels lourds et bitumes).
Il y a donc, avant raffinage, plus de Gas-oil que d'Essence. Mais la qualité du pétrole brut est très importante pour le gazole : le Brent (extrait en mer du Nord), est particulièrement recherché en raison de certaines caractéristiques, notamment une faible teneur en soufre. Pour la filière essence, au contraire, la provenance du brut importe peu. En effet, pour atteindre les caractéristiques requises pour les essences sans plomb, on a recours à différents procédés de raffinages qui fournissent des bases qui seront mélangées pour fabriquer l'essence aux propriétés voulues : on ne peut pas, comme pour le gazole, utiliser la coupe issue de la distillation telle quelle.
Par contre, le raffinage du Gas-Oil implique plusieurs traitements pour répondre aux spécifications de qualité en vigueur : hydrodésulfuration (élimination du soufre par un procédé catalytique sous hydrogène), hydrotraitement pour améliorer l'indice de cétane (qui influe sur la capacité d'auto-inflammation dans le moteur), abaissement de la teneur en polyaromatiques ( réduction des précurseurs de particules pour réduire les rejets polluants), contrôle de la densité, ...
En France, il existe onze raffineries, mais les capacités de raffinage du gazole sont insuffisantes (on en importe environ 30% de la consommation actuelle), tandis qu'on est en surcapacité pour l'essence en raison de la demande excédentaire de Gas-Oil sur notre marché.
Par conséquent, l'essence est revendue à perte notamment aux USA (dont la demande a en plus baissé), tandis que le Gas-Oil, qui est plus cher à produire que l'essence, est chèrement importé et participe au déficit de la balance commerciale.
Et par dessus ce déséquilibre économique qui coûte déjà à l'Etat, l'Etat lui-même en rajoute une couche en subventionnant le Gas-Oil via une détaxation.
Donc la favorisation du moteur diesel est loin de remplir les poches de l'Etat. Si à cela on ajoute le coût en matière de santé publique, eh bien le diesel est carrément une bombe à rettardement pour les finances de l'Etat.