En dépit de la Leaf, Nissan se convertit à l'hybridation
La firme japonaise admet implicitement l'échec commercial des voitures tout électriques et annonce le lancement dès 2013 d'un nouveau modèle hybride par an.
Pendant longtemps, Carlos Ghosn n'a pas cru à l'hybridation. Peut-être parce qu'elle était mise en avant par ses concurrents, Toyota en tête et dans une moindre mesure Honda qui vient tout de même de fêter son million d'exemplaires vendus... Mais le succès remporté par d'autres avec cette formule l'a obligé à revoir sa position. Il n'a alors vu la voiture hybride que comme une étape avant la voiture totalement électrique. Nissan et Renault ont tout de même multiplié les modèles électriques, du quadricycle à la berline familiale.
Mais force est de constater que, malgré des formules alléchantes sur le papier - voitures primées, sensiblement au même prix que leurs équivalents essence et location des batteries en sus -, le public n'adhère pas. Il s'est vendu par exemple 5 212 Nissan Leaf entre début janvier et fin septembre 2012 aux États-Unis, alors que l'objectif pour l'ensemble de l'année était de 20 000. À comparer avec les 700 000 hybrides vendus par an dans le monde par Toyota.
Ghosn est un patron pragmatique : l'acheteur a toujours raison. Il veut de l'hybride - mais pas trop cher -, il en aura. Dès 2013 (et 2015 en version hybride rechargeable), le groupe Nissan (Nissan + Infiniti) va sortir un nouveau véhicule hybride par an. C'est ce que révèle Autonews.com, qui précise que le premier véhicule du groupe sera une Infiniti à traction avant, développée sur la base du modèle JX, vendu aux États-Unis. Selon le site américain, la grande révolution vient du fait qu'il s'agira d'un système conçu en interne et non plus une technologie Toyota qui était déjà disponible outre-Atlantique sur l'Altima par exemple.
Pour ne pas avoir l'air de prendre le train en marche, Nissan va coupler l'hybridation au downsizing. Ainsi le JX hybrid, un gros SUV fabriqué et vendu aux États-Unis, va troquer son V6 de 3,5 l pour des quatre cylindres turbo de 2,5 l et même de 2,0 l par la suite. Par ailleurs, Nissan ne se contentera pas de proposer des véhicules hybrides spécifiques comme la Toyota Prius ou la Honda Insight, mais cherchera à étendre cette technologie à tous les modèles de la gamme. Pour une raison simple, explique Mitsuhiko Yamashita à notre confrère : "Tous les véhicules ont besoin d'une forme d'électrification. L'assistance-moteur est la clé. Sinon, ils ne pourront pas répondre aux normes de consommation au-delà de 2015."
Ces normes fixent la consommation moyenne des véhicules à 31,6 miles par gallon, soit 7,44 l aux 100 kilomètres. Ce chiffre est extrêmement contraignant, car il intègre celle des "trucks", ces gros 4x4 souvent à plateau, qui représentent en gros la moitié des ventes automobiles aux États-Unis. Considérés séparément, à compter de 2015, les trucks devront consommer 28,6 mpg (8,22 l/100) et les autres véhicules 35,7 mpg (6,69 l/100).
Pour répondre à ces objectifs ambitieux, Nissan qui y recourait avec un enthousiasme modéré développera l'hybridation sur tous ses modèles, quitte à ce qu'elle soit, pour des raisons de coûts, limitée dans un premier temps à ce qu'on appelle le "mild hybrid", que Nissan appelle "S-hybrid" (pour small ou smart hybrid). C'est-à-dire la récupération de l'énergie au freinage et le "stop and start" bien connus en Europe. Mais ce n'est qu'une étape car, sans trop le dire, tout cela ressemble bien à un redéploiement de stratégie immédiate, au détriment de l'électrique.
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