L'hybride va ressusciter le moteur rotatif
Alors qu'il semblait condamné par sa consommation excessive, le Wankel a un avenir comme prolongateur d'autonomie.
"Vous allez voir resurgir le moteur rotatif. Mazda y travaille, et les constructeurs intéressés à l'utiliser sont impatients, les Allemands notamment." Cette confidence de Philippe Geoffroy, le directeur général de Mazda France, indique que ce moteur, passé pour mort il y a quelques années, revient en cour. Déjà FEV, l'un des trois gros sous-traitants de l'industrie automobile, a élaboré une Fiat 500 munie à la fois d'un moteur électrique de 42 ch et d'un petit Wankel rotatif de 28 ch si compact qu'il est logé devant l'essieu arrière. Sa seule fonction est de recharger les batteries au terme des 80 kilomètres d'autonomie offerte.
"C'est en fait une assurance de finir le parcours en faisant sauter un frein psychologique", dit un observateur. "Avec une voiture électrique, la panne guette. Avec un hybride, c'est la liberté d'aller où on veut, quand on veut, sans souci de ravitaillement. Évidemment, le bilan énergétique jusque-là bon de l'hybride se dégrade dès que le moteur thermique - rotatif ou alternatif - se met en marche, mais on peut estimer que cela ne se produit que sur les longs trajets."
Plus peut-être que les autres moteurs, le rotatif a un point faible, il est énergivore. Vu jadis sur les Mazda, les NSU et les Citroën, il a fait illusion au temps du pétrole abondant. À cette époque, un essai de Mazda Cosmo, il est vrai à vitesse libre, nous avait gratifié d'une consommation moyenne de... 27 litres ! Plus question de cela aujourd'hui, mais, en revanche, ceinture et bretelle sur un hybride, il trouve une nouvelle vie associé à un moteur électrique. Le faire tourner à vitesse constante permet en effet de choisir le régime idéal où il consomme et s'use peu.
Mais surtout, il est léger, ne vibre pas, ce qui améliore le confort et la fluidité dans les phases d'arrêts/mises en route et, compact, il est plus facile à loger dans une voiture hybride déjà encombrée par son groupe électrique et ses batteries. Cet aspect des choses n'a pas échappé à Audi, qui a construit une A1 e-tron présentée l'an dernier. Il en a même fabriqué une vingtaine pour évaluation accélérée à Munich d'un système appelé à un bel avenir. Mazda lui même devrait l'utiliser sur ses voitures et peut-être même la future MX5 roadster, qui partage son châssis avec la prochaine Alfa Romeo Spider. D'ici à ce que Fiat, à l'affût de toute opportunité, trouve un accord avec son partenaire Mazda, il n'y a qu'un pas.
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