A l’issue des trois étapes du Rallye Monte-Carlo des Véhicules à Energie Alternative, les trois Jazz Hybrid engagées par Honda France ont rallié Monaco en bonne position au sein d’une centaine d’engagés.
Rappelons que l’équipage de la Jazz n°69 était constitué de Firmin Bour et Philippe Lalanne (Président du Club Honda Classic) et celui de la n°104 des sympathiques canadiens de Honda Canada Maxime Caron et Marc Quirion, notamment vainqueurs du premier de régularité dans leur beau pays. Quant à la Jazz n°73 aux couleurs d’Autoactu.com, son équipage réunissait deux de ses collaborateurs : Denis Bernard (votre serviteur) et Pierre Lemarinier, habitués à la compétition sur circuit, mais vierges de toute expérience en rallye de régularité.
Partis chacun vendredi matin d’un des trois points de départ (respectivement Annecy-le-Vieux, Lugano et Clermont-Ferrand), les 3 équipages se sont retrouvés en fin de journée à Valence à l’issue de l’étape de concentration destinée à se mettre en jambes. L’objectif se limitait alors à suivre l’itinéraire fourni par l’Automobile Club de Monaco, tracé essentiellement sur des départementales, en évitant de dépasser le temps imparti, de se perdre (pas toujours évident !) et bien sûr de se faire arrêter par la maréchaussée. Contrairement à certains équipages, nos trois Jazz terminaient cette première étape, sous le soleil, sans embuches ni pénalités.
Les choses sérieuses débutaient le vendredi soir. Les 98 voitures reprenaient la route pour une boucle Valence – Valence de 116 km avec deux zones de régularité. La grande nouveauté était de bénéficier dans chaque voiture du formidable système Tripy qui permet à chaque équipage d’avoir en temps réel le road-book sur l’écran de ce GPS conçu spécifiquement pour les rallyes. Un système qui sert aussi de "mouchard" aux organisateurs et leur permet de vérifier a posteriori la route suivie et la vitesse instantanée sur tous les points de l’itinéraire. Le 1er objectif était à la fois limiter la consommation dans les secteurs de liaison tout en respectant le temps imparti. Le 2e objectif était de parcourir les 2 zones de régularité (dénommées "spéciales" dans les rallyes de vitesse) en gardant un rythme soutenu et régulier. La première partait de Saint Jean en Royans (un passage mythique du Rallye de Monte Carlo). Les 16 kilomètres devaient être parcourus à 49,0 km/h de vitesse constante, à la fois lors des trois passages secrets et bien sûr à l’arrivée. Les spécialistes de la régularité montraient alors le bout de leur nez et pointaient avec seulement un ou deux points de pénalités sur la totalité de cette 1e zone (1 seconde d’avance ou de retard se traduit par 1 point de pénalité). Je dois dire que, même si ces équipages avaient bien souvent reconnu le parcours et bénéficiaient de copilotes aguerris et équipés de matériels spécifiques (Tripmatser, etc.), réussir à n’être pénalisé que d’une ou deux secondes sur un total de quatre points de contrôle est une sacré performance, d’autant que certaines portions nécessitaient de bien piloter pour atteindre cette moyenne. Le départ de la ZR2 avait lieu quelques centaines de mètres après l’arrivée de la 1e et se déroulait sur 16 km à 49,9 km/h. A l’issue de cette 2e étape, les Jazz Hybrid se classaient respectivement 51e (n°69), 56e (n°73) et 96e (n°104) en terme de régularité. Mais leur faible consommation (5,0 litres/100) allait certainement permettre de remonter au classement combinant régularité et consommation. De retour en parc fermé après minuit, nous étions tous biens contents de pouvoir profiter de quelques heures de sommeil avant d’attaquer une longue 3e étape.
Celle-ci fut courue sous le soleil et une température de 24° ! 456 km au programme, dont 3 zones de régularité à commencer dans la matinée par la ZR 3 dont le départ avait lieu à Saint Nazaire le Désert et se déroulait sur 23 km à 49,0 km/h. Sur ce parcours magnifique, la Jazz de Lalanne et Bour se classait brillamment 16e. Quelque temps plus tard, la caravane du rallye était arrêtée pendant 2 heures en raison d’une chute de rochers sur l’itinéraire. Une occasion pour discuter avec d’autres concurrents, dans une ambiance détendue. Les organisateurs mettaient en place une déviation sur plusieurs kilomètres en montagne, avant de rejoindre l’itinéraire prévu. Du coup, la ZR4 était courue avec plus de 2 heures de retard. Sur un tracé magnifique et extrêmement tortueux de plus de 31 km, tenir les 48,0 km/h de moyenne était tout sauf facile. Avant de participer à ce fabuleux rallye, je dois avouer que je ne savais pas trop quoi penser des rallyes de régularité. Ma réponse est celle-ci : que ceux qui pensent qu’ils sont synonymes de promenades de santé, je leur propose de venir en voir un comme spectateur ou mieux encore en montant à bord comme copilote. Enchaîner plusieurs épingles en montée à 48 km/h de moyenne demande une attaque de tous les instants qui n’a rien à envier à un tour à plus de 180 km/h de moyenne à Spa-Francorchamps. Par contre, dans certaines portions plus faciles, vous devez lever le pied pour garder votre moyenne. L’exercice n’est pas facile, mais très amusant. Nous avons terminé cette ZR à la 30e place avec 29 points de pénalité (souvent parce que nous étions en avance de quelques secondes !).
Concernant les performances de la Jazz, j’ai été bluffé par sa tenue de route et le couple du tandem moteur essence – moteur électrique couplé à la boîte automatique à 7 vitesses en version sport.
Après une petite centaine de kilomètres de secteur de liaison, nous attaquions la dernière ZR du rallye avec le morceau du roi : la spéciale Saint Pancrace – Peille longue de 13 km. Quel plaisir de piloter sur un tracé aussi technique, sur une route très étroite entre la montagne et le ravin - attention aux écarts ! Bref, nous avons fait le plein d’adrénaline pour plusieurs semaines. Et je mesure encore mieux les exploits de nos rallymen de vitesse, véritables acrobates. Lalanne et Bour terminaient à une belle 27e place cette ZR, avant que la caravane reprenne le chemin du port de Monaco à la nuit tombée.
Dimanche, avant la remise des prix et le déjeuner de clôture, une dernière petite épreuve mêlant accélération et slalom (comme c’était le cas sur ce rallye dans les années d’avant guerre) nous attendait sur le port.
Finalement, cette première expérience a été très positive. Bien qu’étant seulement équipés d’un chronomètre et d’une table de vitesse sur papier, comme dans les années 1950, nos résultats n’ont pas été trop ridicules grâce aux performances étonnantes de la Jazz Hybrid.
Le classement final combinant pénalités et consommation est remporté par Erik Comas sur sa Tesla Roadster 100% électrique. Pierre Lemarinier et moi terminons 31e au volant de notre Honda Autoactu.com devant nos amis Lalanne et Bour (36e) et Caron et Quirion (72e).
Dans la catégorie Hybride, nous prenons respectivement les 16e, 20e et 28e places. Enfin notons que le classement CO2 Drivers Performance basé sur la consommation est brillamment remporté par Hervé et Florian Clais sur une Honda Insight 1.0 de l'équipe Ambition engagée par Philippe Lalanne.
http://www.sendspace.com/file/lu00h5L’Automobile Club de Monaco a su faire de cette épreuve en seulement 5 ans LA référence mondiale de ce type d’épreuve, avec une organisation rigoureuse. L’accueil des concurrents dans les villes étapes a été très chaleureux et particulièrement en Principauté. Désormais convaincu par cette discipline, je n’espère qu’une chose : pouvoir participer de nouveau dans un an à ce rallye des temps modernes !
http://www.autoactu.com/au-coeur-du-rallye-monte-carlo-des-vehicules-a-ener…
Denis Bernard