HONDA S360
Ce petit cabriolet d'à peine trois mètres de long, même s'il était construit par un tout nouveau département automobile dirigé par l'ingénieur Nakamura, totalement indépendant de la partie moto, ne pouvait pas renier ses origines. Comme le moteur des motos Honda de Grand-Prix tournent à plus de 10.000 tours minutes, il n'y avait aucune raison que le moteur "auto" ne puisse pas atteindre de tels régimes. Le 351 cc, développant 34 cv, se verra limité à une zone rouge de 9.500 tours minutes, un record pour ce genre de moteur.
Pour sa "première" voiture, Soichiro Honda a voulu frapper un grand coup et impressionner le monde de l'automobile, au Japon bien sur mais dans le monde. Il voulait signaler qu'a partir de ce jour, il fallait compter sur lui et "ses" voitures dans le futur. Outre le régime inimaginable, le moteur dissimule quelques autres surprises de taille. Ce quatre cylindres incliné à 45° est en alliage léger (heureusement vu le poids total). Le vilebrequin repose sur trois paliers garnis de roulement à rouleaux et les bielles forgées en une seule pièce sont serties sur celui-ci. Les soupapes sont commandées par deux arbres à cames en tête, également supportés par trois paliers et entraînés par chaîne. L'alimentation, fin du fin, est confiée à quatre carburateurs Kei-Hin. Pour la petite histoire, Honda, en préparant sa première formule 1, élabora un 12 cylindres en V alimenté par ... douze carburateurs Kei-Hin ! De quoi donner des migraines aux techniciens. Autant dire qu'après la première course disputée au Nürburgring en 1964, les ingénieurs optèrent pour l'injection.
Plus que la boite à 4 vitesses, l'attrait de la transmission réside dans le fait qu'elle est constituée de deux carters en aluminium qui jouent le rôle d'un bras oscillant longitudinal, à l'intérieur duquel deux pignons sont reliés par une chaîne circulant dans l'huile.
Les deux (trois ?) exemplaires de la S360 construits en 1962, sont réalisés en aluminium et les carrosseries sont boulonnés sur un châssis tubulaire d'une robustesse incroyable. Tout, du châssis au vilebrequin, est en fait sur dimensionné, d'où un poids légèrement excessif pour une si petite voiture. Les jantes ont 12 pouces de diamètre et cachent quatre freins à tambours de 19 centimètres, également en aluminium, largement suffisant pour ralentir cette petite sportive.
Sa vitesse maximale est de 120 à l'heure, bien que le compteur soit gradué jusqu'à 140. Le compte-tours, quant à lui, ne s'arrête qu'à 14.000 tours ... de quoi donner le tournis en 1962 et même en 2014.
La S360 fut exposée au salon de Tokyo 1962, au coté d'un autre cabriolet S500. La légende pouvait commencer.
Visiblement aucun exemplaire n'aurait survécu jusqu'à nos jours. Il faut dire qu'à cette époque, alors que les européens commençaient à pleurer sur leur passé, pour Soichiro Honda, une seule chose comptait, l'avenir. Ce n'est bien plus tard que les responsables de chez Honda prirent conscience de leurs patrimoine et pour y remédier entreprirent la fabrication de la S360 répliqua pour le salon de Tokyo de 2013.
PGH