Analyse :
Faut-il une taxe kilométrique pour les véhicules électriques ?
L’arrivée du véhicule électrique ne va pas seulement bouleverser les constructeurs, la qualité de vie dans nos villes et les émissions de CO2, elle soulève aussi des questions budgétaires.
Si les véhicules thermiques sont assujettis aux taxes sur les carburants, ce n’est pas le cas des électriques. C’est d’ailleurs l’une des motivations pour acheter ces véhicules, qui certes coûtent plus cher au départ mais dont le coût d’usage est réduit. Pour les États, ce n’est pas une si bonne affaire, car les rentrées fiscales se tarissent. Lucas Davis et James Sallee, deux chercheurs de Berkeley, posent la question de l’opportunité d’une taxe au kilomètre sur les véhicules électriques.
Car aux États-Unis, leur progression conduit à une perte des recettes de taxes sur l’essence de 250 millions de dollars par an. Trois problématiques émergent dans le contexte américain, qui valent aussi pour la France. Premièrement, la perte de revenu est concentrée sur les États les plus vertueux en matière d’environnement comme la Californie, qui ont besoin d’investissements pour assurer la transition énergétique. Deuxièmement, les propriétaires de véhicules électriques qui bénéficient de ces économies sont aux deux tiers des foyers dont les revenus dépassent 100 000 dollars par an... parmi les plus riches donc. Troisièmement, une grande partie de ces taxes est affectée à l’entretien des réseaux, en particulier aux États-Unis.
En France, c’est moins le cas : 45 % de la TICPE, la taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques, va au budget, 3,2 % à l’agence de financement des infrastructures de transport, 20 % à un compte de transition écologique. Les propriétaires de véhicules électriques ne contribuent pas à l’entretien des routes. Ils ne financent pas non plus les autres externalités négatives dont une partie échoit à l’État ou à la collectivité. Car la route ne provoque pas que de la pollution mais aussi des accidents, donc des frais de santé, de la congestion, donc des pertes de productivité... Une taxe au kilomètre sur les véhicules électriques permettrait de rétablir l’équilibre. Dans un futur de voitures connectées, cette taxe pour tous permettrait aussi de faire varier la fiscalité en fonction des heures et des lieux. Plus élevée les heures de pointe en ville où une offre de transport en commun existe, plus faible sur une route de campagne l’après-midi...
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