Diesel sans particules, électricité, biocarburant, gaz: les constructeurs essaient de limiter les émissions de CO².
La création d’un « superministère » de l’Écologie reflète bien une des préoccupations du moment : il faut réduire la pollution. Entre le rêve du moteur non polluant et la réalité, la route est encore longue : 99,9 % des voitures vendues en France roulent à l’essence ou au diesel. Alors qu’est-ce qu’une voiture propre ? Un véhicule électrique ? À hydrogène ? Ou tout simplement un bon vieux moteur thermique qui pollue moins ?
L’atout majeur du moteur diesel est sa plus faible consommation de carburant par rapport à l’essence. Il génère donc moins de CO². Ainsi, le record revient à la Smart Fortwo Coupé : à peine plus de 3 litres de gazole pour 100 kilomètres, et 90 g de CO² par kilomètre. Mais l’inconvénient majeur du diesel reste les émissions de particules. Les filtres à particules (FAP) permettent certes de diviser par 10 000 cet inconvénient. Mais seules 10 % des voitures diesel roulant en France sont équipées d’un FAP, selon l’Observatoire du véhicule d’entreprise.
D’ici à trois ans, une nouvelle étape pourrait être franchie avec la technologie Bluetec, développée par Mercedes et Volkswagen. Elle permet notamment de réduire jusqu’à 80 % les émissions d’oxyde d’azote, autre grand polluant résultant de la combustion du gazole. De leur côté, PSA Peugeot- Citroën et Renault entreprennent de développer un « hybride diesel », la version gazole de la célèbre Prius de Toyota. Cela permet de réduire d’un litre au 100 km la consommation de carburant et donc passer sous le seuil fatidique de 100 g de CO² par km. L’essence résiste
Pour autant, l’essence n’a pas dit son dernier mot. BMW mise sur une réduction de 20 % de la consommation grâce à son dernier moteur 100 % essence. Les hybrides, mi-essence, mi-électrique, permettent eux aussi de diminuer de 20 à 25 % le carburant. Ils constituent une étape désormais incontournable sur la voie du tout électrique. Les constructeurs traditionnels ont été relayés dans ce domaine par deux industriels, le groupe Bolloré avec la BlueCar, et la Cleanova de SVE (groupe Dassault, qui est propriétaire du Figaro). Ils sont tous deux parvenus à réduire la taille des batteries et à augmenter l’autonomie de véhicule à plus de 200 km. Distance portée à 400 km dans une version thermique- électrique de la SVE : un moteur thermique sert à recharger les batteries pour rouler plus longtemps (dans le cas d’un hybride classique, le moteur thermique sert directement à la propulsion de la voiture).
Autre piste pour éviter les carburants fossiles : les biocarburants. C’est le rêve d’une essence « verte ». Avec une controverse à la clé, puisque lemoteur à éthanol émet davantage de CO² que celui à essence. Les promoteurs des biocarburants préfèrent donc raisonner sur le cycle complet de la filière : les plantes utilisées pour la fabrication de biocarburant absorbent, en poussant, le CO² émis ensuite par les voitures. Le bilan serait donc neutre. Une thèse que défend très volontiers l’américain Ford, grand promoteur de cette technologie en Europe, avec ses marques Ford, Saab et Volvo. Dans les faits, sous le label biocarburant, on trouve l’éthanol E85, un mélange de 15 %d’essence et d’alcool de canne à sucre, de maïs ou de betterave, aussi bien que le biocarburant vert qui marie de l’huile de colza (environ 30 %) à du gazole. Le développement commercial de l’E85 en France est encore limité malgré le soutien de l’État, en raison du manque de pompes. D’ici à la fin de l’année, 500 devraient être ouvertes.
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